Présentation des expositions

Derrière la vitre

Du 25/03/17 au 25/04/17, exposition d'une série de photographies à l'Etiquette, cave à vins sauvages et natures située à Paris 4.

"Les photographies de Carol Delage ont l'art de faire apparaître l'indicible, d'isoler un détail abstrait à partir d'un sujet figuratif. Ce glissement du visible à l'invisible dévoile une poésie infinie.
Les clichés de Carol Delage nous font voyager de l'infiniment grand à l'infiniment petit, de l'intime au cosmos. Cela nous interroge sur notre place, ce rapport que l'on a au temps, à l'existence, aux phénomènes.
Dans ces photos « Derrière la vitre » la lumière est toujours un révélateur, elle traque le mystère, l'étrangeté qui règne partout mais que l'on peine à discerner, ou à comprendre. Le sujet devient détail, le modèle devient fragment. L'évidence explose puis devient l'indicible. Des photos comme un parcours, une quête, une interrogation. Et qui, in fine, nous ouvrent un champ de perception, nous tirent de la normalité." Yan Kouton

Intention

A travers ces photographies prises à la dérobée, sans doute ai-je voulu savoir ce qui se joue de part et d'autre de la vitre, médium où se reflètent deux sphères a priori opposées, celles du public et du privé, immortalisant ainsi l'union entre le monde intime et la tangible réalité.

La vitre,
Cet espace où se croisent le dedans et le dehors
Espace de compléxité
Où dansent
Les reflets, la réfléxion du monde et celle que l'on se fait,
Espace d'accès
A de nouvelles potentialités,
De conjonction
Entre le réel et le monde rêvé.
Carol Delage

Solstice d'hiver

2 1 . 1 2 . 2 0 1 9
Galerie d'Art L'Atelier des Vertus
6, rue des Vertus
75003 Paris
France
Expositions, Lectures et Performances autour de la Poésie.

Textes de Carol Delage

Noir Lumière, noir Soulages

Le ciel qui s'illumine une dernière fois
Le grand artifice cérébral,
Post extinction des fonctions vitales
Tout un monde de connexions,
de force de création,
De ravages et de prières
dans l'habitacle qui fait de nous
Des êtres éphémères,
Retourne dans le noir
-Noir Lumière, noir Soulages-
Là où s'étend la présence constellée
Qu'on portait en soi comme une stèle.

Laissée à la lumière

J'ai cru avoir laissé
L'enfant
Celle que j'avais été
Seule
Au bord de la route
La laisser pour morte
La laisser pour compte
Et pourtant...
Dans la chambre des ans
Sa présence se révèle
En ombres dansantes
À la surface de mes vers
Et constelle la nuit
D'une vivante qui a compris
Que sous le linceul
Pleure la lumière

Le mot pleura

Né de la pure poussière
Né de la terre des déchets de la matière
Il pleura
Et s'écoula
Depuis le saule - le seul -
Aquatique et aérien
Traçant ainsi le chemin
Brillant de la lumière.

Pétales de lumière
Toutes les marguerites de ma jeunesse
sont allégées de leurs pétales
vibrionnant dans la lumière
Un peu
Beaucoup
Envolés
Jusqu'aux sublimes hauteurs
Jusqu'aux nébuleuses profondeurs
De la mémoire

Le silence des étoiles

Tous ces amas glorieux
de lumière
- mémoire au-delà de soi
inscrite dans le ciel -
qui brillent dans nos yeux,
plus fort encore
quand s'installe l'hiver
Cet infini silence des explosions stellaires
sous le voile joyeux de la neige qui danse

La frontière

Mars 2020

Galerie d'Art L'Atelier des Vertus
6, rue des Vertus
75003 Paris
France

La Frontière

« Espace d'épaisseur variable, de la ligne imaginaire à un espace particulier, séparant ou joignant deux territoires. »

Carol Delage se propose, à travers ses photographies, d'explorer la notion de frontière, dans toutes ses dimensions, les plus concrètes comme les plus abstraites.

- Les frontières géographiques, qui nous séparent et qui nous mènent également d'un point à un autre, à notre corps défendant ou de manière consciente.
- Les frontières intimes, celles de nos fêlures, de nos origines que l'on transcende ou que l'on subit.
- Les frontières entre l'indicible et le dicible, le visible et l'invisible. Celles qui séparent l'image photographique de l'image picturale, quand la photo se confronte à la peinture. Des mondes qui surgissent comme par miracle d'une vision trop superficielle du réel.

Ainsi, avec La Frontière, Carol Delage se propose de nous emmener dans ce périple où l'image se perd dans sa propre existence...Qui est-elle ? Que représente-t-elle ? Que dit-elle de ce que l'on voit du monde et des autres ?

« L'appareil est en lui-même une frontière, que l'on brise pour se rapprocher du sujet. Passer de l'autre côté ; on ne peut y parvenir qu'en s'oubliant soi-même momentanément.» Martine Franck

L'exposition est soutenue par des poèmes de Carol Delage.

Angle de vie (ou du propos poétique sur la photographie)
Du Dialogue
- Entre lumière et
Obscurité
Courbes et
verticalité
Matières et
Couleurs captées -
De l'objet
photographique
Cadré
Surgit
- Selon la perspective,
Selon l'échelle optées -
Une autre dimension
D'une même réalité
Dans laquelle
On reprend pied
Différemment ou
Plus pleinement
Puisqu'un angle
De vie
A été adopté.

A l'horizon
Nos vies qui se dissolvent...
Quelques mots inscrits,
Des restes de traditions
Laissés en héritage
Qui partent en fumée
Nouveaux nuages
Sur les vieux continents
La frontière qui se dissipe...
Le ciel vide
Le murmure des arbres
Des territoires, leurs ravages
Et la douleur des océans
Uniques reliquats
A l'horizon des événements

Me voici donc
Me voici donc
Au point ponctuant
Le désert
Désert indépendant
Du bruit qui enserre
Me voici donc
Chez moi
Dans ton univers
Jardin au-delà
Des frontières

Envolée des oiseaux

Brèche dans la sphère
Traversée du faisceau
Chemin de lumière
Futur et mémento
Cosse de matière
Déchirure en lambeaux
Germes, poussées en terre
L' œil veillant sur les eaux
Le bleu d'un ciel ouvert
Les rêves: nos flambeaux
Mesure et frontière
Réalité des maux
Tracés non éphémères
Galeries sur la peau
Cicatrices de chair
Accouchement des mots
Puzzle à refaire
Envolée des oiseaux

Aenigma
Je suis ce morceau perdu, tombé, liquide
cet être silencieux
au cœur de l'indicible,
démultiplié;
le secret étoilé, invisible,
aux bords humides.

En concordance

Je suis dans la poésie
Je flotte dans le temps
Mon cœur dépasse
Les limites, il s'étend
Des veines invisibles
S'étirent hors champ
Me reliant à l'indicible
A toi, au firmament
Je suis dans la poésie
Mon cœur est un chant
Je flotte, je dépasse
Le cadre très souvent
Je sonde les possibles
La vie, les sentiments
Je dévide l'impossible
Je trouve les compléments

Nous sommes
Trempés
Dans la céleste mécanique
Des données,
Moissonneurs
D'images,
L'alarme à l'œil
Dilaté,
Avec pour sphère mentale
Les écrits invisibles
Chorégraphiés

Sur les lignes pures
Sur les lignes pures
Du monde,
Les signes
- Soleils souvenus -
Le tracé
Des possibles
Sur les lignes pures
Des paumes
Le verbe
- Écrit contenu -
La pensée,
Invisibles

Nos constellations invisibles

Les ombres dansent:
nos branches vacillent.
En nombre nos morts
flottent au gré
d'une géométrie.
D'un point à un autre.
Dans l'infini.
Où sont nos attaches
qui ficellent,
soulèvent,
lâchent
ou stabilisent
nous autres vivants
à la condition imparfaite
bien qu'inouïe.

Langage du coeur

Entre moi et l'univers
De mes pensées
À ta voûte céleste
L'identique réseau filaire
Somme de signes
De points communs
Tracé invisible
Sorte de chemin
Contact muet,
Langage du cœur
Tissé de nos voix
Intérieures
Des mots retenus,
Des mots suspendus
À la frontière de nos chairs
De nos bouches, et leurs commissures

Noûs

Au-delà des plis de la Terre
Plus loin que le retrait de la mer
Au fond du cœur
Dans l'Univers
La pluie des nombres
La lumière
L'invisible pensant
Pesant sur la sphère

Tentatives

Dans la faille sous les tissus de la peau
se puise l'eau pure des mots,
toutes les larmes d'un monde invisible
infiltrées recueillies formant lacs et chenaux
passerelles imperceptibles, tentatives
d'appréhension et formules flottantes
à la surface du beau.

Fenêtres de vérité
Dans nos globes aqueux,
La forêt des nuages
Réseaux d'illusions réfléchies
La prolifération des images
Absences et présences réunies
Inabordables territoires chimériques
Réduits sous les cils mais renouvelés
En autant de clichés
Que de fenêtres de vérité possibles.

Trace, laissée là.

Exposition virtuelle - Mars 2022

Dans cette série de photographies, Carol Delage poursuit son travail de réflexion sur l'image. Elle se joue de la figuration immédiate, comme de sa capacité à tromper le regard. Ce que l'on voit n'est pas – toujours – ce qui est.

À l'heure de l'image reine, dévorant chaque espace d'attention disponible, ce travail – qui consiste à interroger le sens profond de ce qui s'imprime dans nos yeux - est d'autant plus salutaire et pertinent. Ici, Carol Delage élabore une savante grammaire visuelle, à partir d'une esthétique détournée de sa réalité première. La laideur et la beauté, la pollution et le graphisme sophistiqué.

Chaque cliché renvoie à cette dualité trompeuse. Et nécessite d'aller au-delà de l'apparence pour comprendre exactement ce qui se joue dans le cadre. Comme un apprentissage visuel. La démarche de Carol Delage est ainsi, plus que jamais, au cœur du processus photographique, cette « fabrique de l'image » destinée à réveiller des sens trop souvent atrophiés par l'habitude.

En posant son regard sur les détails triviaux ou jugés insignifiants d'une pollution tristement banale, elle en révèle une sorte de beauté cachée. Comme pour signifier l'ambivalence d'un jugement strictement esthétique. Un jugement recelant sa part de morale ou d'exclusion. Or, Carol Delage brouille cette dichotomie, et nous contraint à réviser – en trompant l'œil, mais pour mieux le guider – nos certitudes.

Le geste est, dès lors, puissamment réfléchi et s'inscrit dans une connaissance intime de ce qu'est une figuration visuelle. D'abord et avant tout une œuvre autonome, interrogeant l'histoire de l'art photographique. Son histoire et les enjeux qu'elle porte.

L'engagement de la photographe, s'il est éminemment artistique, doit évidemment se lire comme la subtile condamnation d'une présence humaine prédatrice. Présence si violente et profonde qu'elle s'immisce dans les moindres interstices d'un sol ou d'un mur. Aucun espace n'échappe à cette réalité. Et, forcément, cette série doit nous interroger sur les conséquences désastreuses d'une expansion humaine sans limite. Menaçant les équilibres essentiels d'une nature en souffrance désormais extrême.

L'intelligence de la photographie de Carol Delage est de mettre en perspective ce constat, et de le mettre en parallèle avec nos attentes contradictoires, comme nos paradoxes. Nous sommes les adeptes forcenés d'une beauté – irradiant les photos de Carol Delage – que l'on détruit par ailleurs. Les enfants d'une civilisation hautement sophistiquée, mais pétrie d'une sauvagerie encore mal contenue.

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